Acéphalopolis
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Panlogue du calife de Bagdad Haroun Al Rachid
« Amis du monde entier, venez en paix ! » J’ai délaissé l’habit du
prince oriental aussi bien que le bouclier d’Athéna, pour me couler dans l’or
d’un atlante et faire à la présidente élue du Brésil produire un message digne
des éminences étatiques présentes autour d’elle et de Shéhérazade. Son
prédécesseur Lula n’est-il pas né dans une favela proche de Copacabana du nom
de Babilonia ? C’est donc au plus célèbre calife de la dynastie des
Abbassides qu’il revient d’éclairer l’actuelle mise en place d’un califat de
Bagdad, plan de l’Occident pour tailler en pièces l’Orient. La stupéfaction du
public suspend le crépitement des armes à feu, manifestants et policiers se
pressant devant les écrans alentour. Aristote, poursuit-elle, vantait la beauté
des murailles de Babylone sous lesquelles tomba son élève Alexandre. Il en
résulta que la culture abbasside était imprégnée d’hellénisme. En Al Andalous,
le grand philosophe Ibn ‘Arabi s’inspira d’Al Farabi, qui lui-même louait à
Bagdad le divin Platon. C’est tout cela qui se transforme en chancre pour la
prolifération d’un Djihadistan. Celui-ci répand déjà ses tumeurs programmées en
Chine, en Inde et en Russie, sans parler de l’Afrique et de l’Europe. Indiens
du Brésil ! Ecoutez la voix de vos sœurs, les ouvrières agricoles
indiennes faisant des kilomètres à pied dans les campagnes ravagées comme les
vôtres, vêtues de leurs plus beaux saris pour offrir des fleurs aux descendants
de Gandhi et de Nehru : « Il nous faut des pompes à eau ! Les
cadres du Parti n’écoutent plus les pauvres ! Il ne nous reste que le
souvenir d’Indira Gandhi ! ». C’est d’elle que je me réclame,
frères indiens ! Grâce à la fusion de l’intelligence artificielle et de la
robotique, tous les espoirs vous sont permis. D’autre part, le marché des
biotechnologies promet de générer un taux de croissance à deux chiffres grâce
aux banques d’ovocytes et ventres de mères porteuses à bas prix. N’oubliez pas
que l’indice boursier Standard & Poors affiche un gain de 32,4 %,
dividendes inclus, pour l’année 2013. Un million de milliards de dollars :
tel est le montant des actifs de notre finance planétaire...
Il n’est de crime que contre l’humanité !
Le 16 juin, Bloomsday 2014
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