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Cours, caméra, le Nouveau Monde est devant toi !
Ma tête vous apparaît-elle, séparée de mon corps ?
Grâce aux prodiges techniques du satellite, vous pouvez apercevoir le visage de
Shéhérazade flottant sur un trottoir de l’autre côté de l’océan, seule sa tête
s’adressant aux passants trop occupés pour s’en émouvoir.
« Spheres of radioactive materials from Fukushima reported for first time.
Ball-like particles composed of cesium, iron, zinc. Soluble and insoluble in water…»
Oui, crie ma tête sans corps, dans tout l’hémisphère nord,
sont détectées les retombées de particules sphériques radioactives d’un
diamètre de deux microns sans que ce message ne soit diffusé par les médias.
Ces domestiques recrutés pour l’extrême couardise de leur fausse conscience
prostituée, prompts à vendre leur anus en guise d’âme au diable, assistés de
légions d’universitaires et d’intellectuels au service du pseudocosme, ont pour
fonction d’occulter le regard et la voix de Shéhérazade. Qui ose encore
prétendre élucider le monde ? La violence avec laquelle est saccagé l’espace
mental s’aggrave du fait que ces experts prétendent en détenir la théorie
critique, elle-même n’ayant œuvré qu’à la destruction de l’Œil imaginal. De
sorte que la sphère privée ne peut exister plus qu’une sphère publique en ce
système par essence hostile à la Sphère ! Partout y prolifèrent les symptômes
de binarités pathologiques sans médiation, du stérile et suicidaire face à face
entre la Maison blanche et le Congrès de Washington aux clivages imbéciles
entre des « gauche » et des « droite » politiques œuvrant
toutes au service de Kapitotal. Ces blocages institutionnels ont bien sûr pour
cause commune la même contradiction fondamentale, d’autant plus opérante
qu’elle constitue le grand tabou de la tour Panoptic : celle qui oppose
les intérêts antagoniques des propriétaires du monde et de l’humanité.
Car c’est l’extension brutale de la misère qui rend nécessaire l’« Obamacare »,
comme elle engendre les cris d’une souffrance en Europe dont il faut bien que
les partis roses feignent de s’aviser, tant elle nourrit partout les factions
noires et brunes. Or il est un fait historique indubitable : nulle
engeance n’a provoqué plus le soulèvement des plèbes fascistes que cette
bourgeoisie rose, par l’absence de scrupules avec laquelle elle s’avérait
complice des propriétaires du monde en s’affirmant la voix des prolétaires.
Aujourd’hui, la social-démocratie française fait mieux, débordant son
opposition sur l’extrême droite en allant au devant des vœux du patronat, comme
pour mériter l’honneur d’être sacrée valetaille émérite aux ordres de la race
Alpha. Mais Shéhérazade ici ne va-t-elle pas trop loin ?

S’il faut à
Shahrazad s’arrêter net et se détourner d’une voie qui passe la frontière des
territoires interdits, c’est qu’ils sont ceux des morts et des revenants.
Tout l’envers du décor ne peut être offert aux mortels. Il faut à la conteuse
orientale quelquefois rameuter ses esprits. Sur l‘écran qui a donc repris du
service, un visage privé de corps et nimbé d’un voile de sang modifie la teneur
de son soliloque à New York afin que son public dans le salon d’honneur du
palais ne se dérobe à l’image hallucinatoire, tandis que son corps sur le tapis
s’envole par la fenêtre vers les ânes qu’il faudra bientôt harnacher pour
l’opération Six mules à Sion. Quant à moi, pouvais-je accepter l’abomination
d’un tel spectacle ? Le spectre qui se livrait à cette séance hypnotique
n’était-il pas celui d’une femme que je croyais connaître, sans l’avoir jamais
imaginée capable d’une farce aussi terrifiante ? Mais combien, dans la
peau d’un bouc, était-il plus encore synonyme d’égorgement planifié, de penser aux
conséquences extrêmes de ces dires ! C’était même pire. Le cancer
idéologique ayant torpillé l’Etat social au nom d’une équivalence entre
Roosevelt et Staline, était de nature identique à celui de nos idéologies
libertaires qui, d’un point de vue prétendument opposé, tirait de l’amalgame
entre l’Amérique et l’Union soviétique même haine assassine de cet Etat
social ! Négateurs de toute logique médiatrice, Al Capone et Debord obéissaient
au même logiciel, encore une fois, que celui de Sion. L’affreux Me Kiejman –
qui fut l’avocat de Guy Debord – n’est-il pas aujourd’hui celui de l’axe New
York-Jérusalem pour laisser croupir en taule depuis trente ans le militant
marxiste Georges Ibrahim Abdallah, mis aux fers sans preuves et depuis quinze
ans libérable ? La servilité des Hollande, Valls, Fabius envers leurs
maîtres ne va-t-elle pas jusqu’au refus de signer sa libération, pourtant ordonnée
par un tribunal de Paris ? Militant marxiste : quel fut le
sort sémantique de ces deux mots grâce à l’Internationale situationniste ?
Ne vivons-nous pas, depuis son triomphe, au rythme de flux incessants
d’événements, de constructions de situations ; les séances du G20
commentées comme des happenings et la moindre prestation politique orchestrée
telle une performance esthétique ; toute expérience humaine codée par le
langage in-out, up-down, hip-hop de la tour Panoptic ?
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