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Lanterne au seuil du Théorème 9

C'est combat de Titan que celui d'Atlas. Porter un tel globe sur les épaules est fardeau pénible d'autant que ce globe ne se caractérise plus que par zones de lèpre et de tumeur maligne. La gangue d'un gang fait croire à un gag : ce serait le cancer de la Phynance qui remédierait aux lèpres de la misère. Et c'est cela qui se prétend une autorité morale !  Si le Diable s'apprête à commettre un acte bien dans sa nature de malin, ne devons-nous pas l'en empêcher par tous les moyens ?  Semblable paralogisme repose toujours sur une prémisse donnée pour un incontestable postulat de valeur universelle : ainsi, voici cinquante ans, Patrice Lumumba était-il un Satan tout aussi indiscutable pour la Belgique. Et si nous étions le diable du diable ?

Il ne s'agit pas seulement de Qadafi, mais des consciences arabes, amazigh, sahraoui. Comme les flics de France ne peuvent savoir ce que pense un jeune Beur des banlieues, les agents des services de renseignements occidentaux qui grouillent depuis des mois déguisés en révolutionnaires dans les milieux universitaires au Nord de l'Afrique ignorent la lucidité dont sont capables les Maghrébins face aux manipulations dont ils sont les objets de la part de ceux qui leur prêchent une démocratie moribonde en sa terre natale. Bien sûr, on peut faire comme si ces consciences n'existaient pas, tant elles sont invisibles.

Ce ne sont jamais des pauvres qui pensent que l'on interviewe sur les chaînes Panoptic. Ou feindre d'en respecter une image rassurante. Mais ce n'est jamais que différer l'heure du rendez-vous. Avec un abcès de ressentiments qui se trouvera gonflé dans les proportions mêmes du temps perdu. Dès lors, s'élude la question d'un point de vue différent de l'Autre, nié en son altérité jusqu'à se voir contraint de consommer l'idée de "révolution" que Kapitotal a mise pour lui sur le marché grâce à la tour Panoptic. Lorsqu'un tel mot, dans chaque article du Figaro, dix fois se répète pour décrire une poignée de supporters ivres de Kapitotal, déguisés en guerilleros, écumant des villes aux défenses foudroyées par les missiles de la tour Panoptic, il vaut la peine de s'attarder sur le journal du patron des Rafale, connu pour l'approbation habituelle donnée par ses plumitifs aux revendications de la rue. C'est ainsi que l'ex-roi d'Egypte Ahmed Fouad, fils du regretté Farouk, s'y trouve invité à définir le programme appelé de ses voeux pour la "révolution" de son pays. Sans surprise, il avoue compter sur l'Arabie saoudite pour l'accomplissement d'une démocratie moderne dont il espère être le guide.

La mission de l'aède est de révéler ce qui est prohibé par le pouvoir de son époque : l'essence de ce pouvoir. Aujourd'hui, l'idéologie dominante occupe militairement la totalité de l'espace public, puisqu'elle s'est arrogé la phrase révolutionnaire. Un seul scénario dépasserait en monstruosité la catastrophe en cours dans la Jamahirya libyenne : après mission spéciale de la Bête apocalyptique dans son jet privé, puis coup de téléphone portable à Napoléon V et reconnaissance immédiate par l'Elysée des officiers de Guantanamo comme seuls représentants légitimes de l'île, un bombardement de La Havane par l'OTAN, motivé par le souci de protéger les prisonniers islamistes encagés dans la base américaine. C'est pourquoi la dernière cosmythologie d'Atlas a pour épicentre Cuba. Le jugement le plus juste à propos de Qadafi n'est-il d'ailleurs pas celui de Fidel : "C'est un bédouin au caractère particulier" ?

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