Comment ne pas y voir une qualité dialectique ? Cette faculté de ne pas rester dans la ligne porte aussi le sens d’un trouble de la raison.
Soit, ma propre aventure après la mort. Jusqu’à mon dernier souffle, j’étais athée. Ce qui signifiait ensuite l’oubli d’avoir vécu.
Ce ne fut pas le cas, ce dont j’avoue avoir été surpris. Comment, depuis, ne pas croire en l’au-delà ?
Les hallucinations mystiques de Dostoïevski ne me sont plus étrangères, fidèles reflets de cet autre côté du miroir où je baigne depuis cent ans.
Ce que je ne crains pas d’appeler un idéalisme dialectique transpire à chaque page de son Journal d’un écrivain, rédigé quand j’étais gamin.
Son idée principale est celle d’une « Parole nouvelle », d’importance universelle, que détiendrait en apanage le peuple russe.
Un tel messianisme ne va pas sans son aspect négatif assumé, porteur d’un « cycle fatidique d’épisodes convulsifs » lié à « l’oubli de toute mesure »,
à un « besoin de franchir la limite et d’aller jusqu’au précipice pour jeter un regard dans l’abîme et,
dans certains cas qui sont loin d’être rares, de s’y jeter tête la première, sous l’effet de l’envoûtement ».
L’humour ne perd jamais se droits : « Si c’est une utopie parfaitement risible de croire en cette nouvelle Parole, eh bien qu’on me compte au nombre des utopistes ».
Il me paraît aller de soi que la prise en considération, par le monde intellectuel occidental,
de telles dispositions psychiques apportant un éclairage anthropologique sur ce que fut l’histoire soviétique, aurait été susceptible d’épargner bien des dégâts.
Mais cette intelligentsia bourgeoise, dans sa majorité servile, joua les vierges effarouchées face à la supposée barbarie d’une engeance vue comme ontologiquement inférieure depuis plus de deux millénaires.
« C’est un fait que l’Europe ne nous aime pas et ne nous a jamais aimés, elle nous a toujours considérés comme d’importuns visiteurs. »
De sorte que les actuelles surenchères militaires, tout au long des frontières entre l’Europe et la Russie,
résultent à la fois d’une stratégie de la catastrophe mise en œuvre par l’Alliance atlantique, et de l’objective complicité de ceux, parmi les leaders de la Russie, qui s’en prétendent les concurrents.
Jamais aucun pays ne fut identifié à un seul homme comme l’Ukraine au simulacre Zelensky.
Pour donner consistance à l’image héroïque d’un comique troupier de série télévisée devenu fondé de pouvoir de Wall Street et du Pentagone dans la téléréalité,
furent sollicités par Hollywood les logiciels de Superman, James Bond et Robocop sous uniforme kaki de guérillero, se piquant d’imiter tee-shirts et jeans de la Silicon Valley.
L’acteur est dopé par son rôle qui le propulse chef du monde libre.
Il a mission de ridiculiser l’Europe en forçant ses dirigeants à une rivalité dans la soumission aux ordres d’Oncle Sam.
Ce pourquoi il est applaudi par toutes les instances médiatiques empressées de verser chaque jour des barils de pétrole sur le feu.
De la Baltique à la mer Noire, faut que ça brûle. Car les principales firmes américaines à la manœuvre sont celles ayant signé de plantureux contrats pour la reconstruction de l’Ukraine.
La doctrine du Heartland est au cœur de leur stratégie, visant au contrôle d’un large territoire au centre de l’Europe,
afin de séparer celle-ci de ses sources d’approvisionnement orientales. Furent célébrées les noces entre Zelenberg et Zuckerski,
qui eurent pour témoins BlackRock, JP Morgan et Goldman Sachs. Ainsi que la société Starlink, propriété du milliardaire Elon Musk.
Sur la liste de mariage : missiles Patriot et chars Abram.
Car cette guerre par procuration d’Oncle Sam contre l’Europe est décrite par ses stratèges et leurs plumes dévouées comme une bataille pour l’âme du capitalisme.
C’est pourquoi la dictature ukrainienne mène une politique agressive contre les travailleurs, adoptant une législation qui en prive les trois quarts de tout bouclier social.
Devant la Chambre de commerce US, la gestion du pays fut donc assimilée à celle d’une entreprise,
les firmes américaines étant invitées à s’y faire « les locomotives de la croissance économique mondiale ».
Kiev a lancé le programme Advantage Ukraine pour accélérer le programme de privatisations.
Les dirigeants de Google, Alphabet et Microsoft invitent à racheter les actifs du pays.
Geopolitical Economy Report a fait état d’une Conférence sur la réforme de l’Ukraine pour planifier une thérapie de choc pareille à celle imposée
à la Russie au début des années 1990, qui entraîna plus de trois millions de décès selon l’UNICEF.
Lors d’une réunion des gouvernements occidentaux en Suisse en juillet 2022, fut exprimée l’exigence de réduire la législation du travail, d’ouvrir les marchés,
de déréglementer les industries et de vendre les entreprises publiques à des investisseurs privés.
En décembre 2022, Zelenbergsky tenait une vidéoconférence avec le milliardaire Larry Fink, PDG de BlackRock, principal gestionnaire d’actifs au monde,
où il était indiqué que BlackRock supervisait son processus de reconstruction.
Ce qui signifie que, sous la tutelle de l’Occident, l’Ukraine a essentiellement privatisé et externalisé sa politique économique à l’une des sociétés les plus puissantes au monde.
BlackRock, gérant près de 10.000 milliards $ d’actifs, est le rêve oligopolistique d’un baron voleur.
Les trois grands gestionnaires d’actifs américains que sont BlackRock, Vanguard et State Street sont les principaux actionnaires de près de 90 % des sociétés du S&P 500,
indice boursier basé sur les 500 grandes sociétés cotées sur les bourses US.
L’économiste américain Michael Hudson a comparé ces politiques néolibérales extrêmes à celles de l’ancien dictateur chilien d’extrême droite Augusto Pinochet. Lui aussi fabriqué par les États-Unis.
Voilà ce que recouvrent ces discours sommant les peuples européens de sacrifier leurs droits sociaux pour nourrir le complexe militaro-financier.
La cécité volontaire face à ces évidences, manifestée par les populations des pays occidentaux soumis à l’Oncle Sam,
témoigne d’une prédilection pour les fouets trempés dans une mélasse au goût d’american way of life. Où l’idéologie du marché n’a-t-elle pas triomphé ?
Le couple Zuckersky-Zelenberg pilote un outil de domestication massive capable de subjuguer la plus grande part de l’humanité,
même si les foules manipulées croient être libres de leurs opinions.
Dans Mein Kampf, Hitler avouait admirer la propagande « psychologiquement rationnelle » des vainqueurs de la 1ère guerre mondiale ;
Goebbels ne cachait pas qu’il s’inspirait du publicitaire Edward Bernays, promoteur d’un marché du désir ;
puis, le management américain copiait à son tour les méthodes nazies.
La réification du bipède atteint son stade ultime quand un cow-boy milliardaire s’empare au lasso numérique des cervelles du troupeau,
dont il gère les beuglements dans une étable planétaire de poche, affirmant que « la valeur fondamentale » de l’enclos,
c’est « l’inventaire des relations amicales », et sa mission de « rendre le monde plus ouvert et plus connecté ».
Cette immense régie publicitaire offre des services de ciblage à toute instance commerciale ou politique dont le but est d’agir sur le comportement du bétail humanoïde.
La ruse fut de détourner le processus neuronal commun aux mammifères qu’est le circuit de la dopamine, grâce au dispositif primaire du « like ».
Ainsi s’obtient la servitude volontaire la plus sophistiquée de l’histoire.
Jamais celle-ci ne connut un bond d’alphabétisation tel que celui produit par l’Union soviétique ;
jamais une régression vers l’illettrisme telle que celle constatée depuis sa mort. Première page Web : 1990.
Si les nobles, qui détenaient tout le pouvoir parce qu’ils étaient les grands propriétaires fonciers,
sont imités par les oligarques détenant tout pouvoir parce qu’ils sont les grands propriétaires financiers, c’est grâce à un contrôle total des cerveaux.
Durant mon exil à Zurich, avant la révolution d’Octobre, j’ai fréquenté les avant-gardes artistiques où brillait un certain Tristan Tzara.
Je l’ai vu ouvrir au hasard un dictionnaire au café Voltaire, à la page du mot « dada » dont il baptiserait son mouvement.
Le siècle XXe est passé du dadaïsme au dataïsme. Les Méga Data, modélisation des relations par ordinateur, sont l’arme idéale pour l’industrie propagandiste impériale.
Ainsi le simple effort de comprendre le point de vue russe peut-il être criminalisé.
Tel tribunal de Berlin condamne un pacifiste à la prison ou à 2.000 euros d’amende pour avoir dit qu’il fallait « tenter de comprendre les raisons de l’opération militaire en Ukraine ».
La Russie n’exigeait pourtant que la neutralité de ce pays – hors l’OTAN. Cet accord pouvait être signé en décembre 2021 mais il contrevenait aux plans d’Oncle Sam.
Lequel conclut, dans son jugement de condamnation à mort : culpabilité du peuple russe, de la civilisation russe, de l’être russe criminels en leur essence.
Moscou ne menace-t-il pas d’imposer son joug à l’Europe voire à la planète, en complicité avec la Chine et l’Iran – sans oublier Cuba ?
Même les réfractaires attardés du Donbass et de Crimée devraient finir par comprendre un sens de l’Histoire incarné par le couple Zelenberg-Zuckersky.
Leur mariage à Kiev, nouvelle capitale européenne, s’entoura d’un faste qui surpassa tous les sacres impériaux depuis Charlemagne.
La bombe glacée du festin représentait un missile Tomahawk saupoudré d’uranium appauvri,
dont les images par satellites firent saliver jusque dans le moindre bidonville des provinces orientales du Congo,
pilonnées depuis cette province méridionale de l’Ukraine qu’est le Rwanda.
Car les populations congolaises du Kivu, soumises à l’agression génocidaire du Rwanda (plusieurs millions de morts) grâce au soutien de l’Occident
dont les transnationales se goinfrent des métaux précieux de la région,
ces populations martyrisées sont sensibles aux propagandes vantant les valeurs démocratiques fondées sur les droits de l’homme et l’économie de marché.
Toute l’Afrique est prête à verser son obole pour les noces du couple ZZ.
Car toute l’Afrique sait que la Russie de Poutine représente une menace existentielle pour la civilisation dans son ensemble :
celle dont les plus grosses firmes financent à la fois les armées de l’Ukraine et du Rwanda.
Sans doute l’Afrique est-elle aussi sensible au charme slave du truand Prigogine, dont l’orchestre Wagner jette ses fausses notes dans le concert des bombes occidentales,
mais n’a-t-il pas passé une décennie derrière les barreaux soviétiques ?
Et puis, ses mercenaires n’imitent-ils pas en impitoyable férocité l’image bestiale du type russe façonnée par Hollywood ?
Les oligarques ne miment-il pas les mœurs de Wall Street ? Toute logique militaire n’a-t-elle pas pour exemple celle du Pentagone ?
De sorte que paraît cohérent comme un découpage nouveau de l’Afrique, le projet d’un Ours russe aux corps, tête, membres et organes tronçonnés selon vœux de Wall Street, plans du Pentagone, scénarios de Hollywood.
L’Ours russe fut encouragé par ses nouveaux maîtres à danser au bout de leur chaîne, un anneau dans le nez.
Prestation que les propriétaires du cirque applaudirent en se félicitant d’avoir civilisé cette redoutable bête sauvage.
Mais au prix de sa fourrure, elle devait passer à la casserole. Et ne pas se croire libre de produire son propre numéro.
Sans quoi, pan sur le nez ! Commet-elle cette erreur de se ruer sur les dompteurs en armes ?
Celles-ci se démultiplient aux mains des cracheurs de feu.
Les mots n’en finissent plus de jaillir et je me fais l’effet de quelqu’un qui chercherait à calmer un chien méchant par son flot de paroles.
Mais où est-il ce cabot ? Me revient le vers d’un poète : « On prenait les loups pour des chiens ».
L’image du clebs tantôt caniche tantôt roquet tantôt pitbull aux ordres d’Oncle Sam – qui finit toujours par obtenir la docile obéissance d’un berger allemand –
me trouble au point de produire une logorrhée que nul n’est plus apte à entendre.
Je l’interromps par un sifflement de six notes maudites. Les premières mesures de l’hymne soviétique. So-youz nie re-chi-mi.
Syllabes criminelles auxquelles fait écho une voix très lointaine. Je n’imaginais guère où pourrait m’entraîner cette parallaxe du Kremlin.
Les colonnes d’Hercule, identifiées au détroit de Gibraltar, symbolisent les barres verticales autour desquelles s’enroule un serpent biblique
pour former le plus mortifère des signes ayant envahi l’univers.
Symbole d’un empire dont la devise était « Plus Ultra » ; laquelle s’imprima sur les armoiries de la conquête espagnole comme sur le dollar.
Condamné par l’Olympe en cette suture entre l’Europe et l’Afrique, Atlas dispose d’un point de vue millénaire pour observer le déploiement dans l’espace et le temps
de l’aigle impérial ; et son envol vers l’Amérique, par-delà l’océan portant son nom. Quel plus judicieux regard sur l’Alliance atlantique ?...
Sa curiosité d’Atlante fut stimulée par les projets de la NASA (dont celui d’un hydravion promis à naviguer sur des lacs de titane liquide égayant le plus gros satellite de Saturne appelé Titan),
quand il apprit que les plus brillants experts du monde occidental y voyaient la promesse de trouver réponse aux défis du mur énergétique, par une colonisation du cosmos…
L’Atlante voit les tanks des mers escortés par l’OTAN convoyer gaz et pétrole américains, suite au sabotage du pipe-line russe en mer Baltique.
« On ne peut pas plus échapper aux lois de l’économie qu’à celle de la gravitation » :
cet axiome de la tour Panoptic s’appuie sur un postulat selon lequel il n’est d’autres lois de l’économie que celles de Kapitotal.
Tout ce qui se passe à l’échelle planétaire en découle ; et l’emploi du mot « lois », dans un monde régi par l’aigle impérial,
ne fait qu’agrémenter cet axiome et ce postulat de quelque saveur humoristique un rien rapace.
Kapitotal et la tour Panoptic ont-ils jamais déployé plus d’humour pour divertir leur pseudocosme qu’à l’occasion du forum de Davos,
où l’Etat-major des propriétaires du globe résume en chœur le principal danger menaçant l’univers d’une formule destinée à faire s’esclaffer les étoiles
aussi bien que des milliards de miséreux : « la crise du coût de la vie » ?
Plus le prix des matières premières augmente sur les places boursières, plus le revenu des populations locales s’effondre.
Telle est la loi de cette économie que l’on ne peut pas plus contredire que celle de la gravitation.
L’Atlante réfléchit, sous son aspect comique, au sens d’un tel syntagme.
Il observe que Wall Street, le Pentagone et Hollywood constituent, avec la Silicon Valley, le plus puissant consortium ayant jamais imposé sa loi.
Celle à laquelle on ne peut pas plus échapper qu’à la pesanteur. D’où le recours à la NASA.
Ruse du renard et force du lion se combinent, selon la prescription de Machiavel, pour déterminer l’envol de l’aigle impérial.
Une stratégie bien pensée fait du Capitole de Washington l’héritier du Capitole de la Rome antique. Dans les deux cas : Caput Totius Mundi…
L’Atlante, à l’Occident des terres, tourne donc aussi la tête vers l’Orient.
Son frère Prométhée gît toujours sur un pic du Caucase, le foie dévoré par l’aigle de Zeus, devenu le symbole de tous les empires occidentaux.
N’incrimine-t-on pas ce voleur du feu divin pour dénoncer une démesure humaine, une hybris qui serait coupable de tous les fléaux de la planète,
alors que c’est au contraire la réduction du monde aux lois du mesurable et l’interdiction de l’incommensurable qui causèrent la malédiction jetée sur les Titans ?
L’Atlante reliant ciel et terre n’en finit pas d’interroger les relations devenues manifestement perverses entre matière et esprit.
N’est-ce pas l’accumulation de richesses et la compulsion de valorisation qui s’arrogent le principe de l’infini,
quand tout élan spirituel se trouve à la fois brisé, réprimé, voué aux opprobres et canalisé par des systèmes religieux soumis aux pouvoirs temporels ?
Ceux-ci n’affichent-ils pas la divinité d’un Moloch devant lequel s’agenouillent des foules idolâtres ?
Et celles-ci, quelle part d’humanité leur est-elle encore concédée sous le masque humanitaire ?
Atlas a vu son patronyme usurpé par la contre-révolution néolibérale, quand l’Américaine Ayn Rand,
émigrée d’origine russe, intitula son manifeste en faveur du néocapitalisme Atlas Shrugged.
Depuis lors ne cessèrent d’empirer texture économique de plus en plus mafieuse, texture politique de plus en plus fasciste et texture idéologique de plus en plus panoptique.
Dans le même temps l’Oncle Sam s’arrogeait les attributs d’arbitre impartial investi d’une mission sacrée,
consistant à veiller sur l’intérêt général selon l’idéal des Pères Pèlerins : ces apôtres héroïques ayant hérité d’un continent désigné par l’Eternel comme Terre Promise.
D’où l’absence de riposte à la posture de supériorité morale que nul n’acceptait au temps de l’Union soviétique – et du général de Gaulle.
Selon les critères intellectuels d’il y a cinquante ans, risible aurait été la vulgate occidentale faisant de Poutine le coupable unique de cette guerre
contre un pays dont il serait seul à nier la « pleine indépendance ».
Une si grave offense à l’intelligence (ourdie par telle Agence d’Intelligence Centrale) aurait soulevé toutes les voix de l’intelligentsia,
nul n’ignorant la soumission de Kiev comme des capitales européennes à Washington.
Cet abandon de toute souveraineté stratégique, énergétique et numérique n’aurait pu s’accompagner d’une telle reddition de toute pensée critique.
Comment l’Atlante n’eût-il pas été alarmé par The Atlantic – publication yankee proche du complexe militaro-médiatico-financier – qui n’hésitait pas,
en mai 2022, à lancer une croisade pour une « décolonisation de la Russie » ?
Cet Etat multiethnique séculaire y était comparé aux empires coloniaux européens, ce qui justifiait son dépeçage par une opération de regime change
comme il en fut mené contre l’Irak, la Libye et la Syrie…
Dès le début de la guerre froide, la CIA n’a-t-elle pas accordé un soutien financier à maints groupes se réclamant de liberté culturelle pour garantir l’hégémonie d’Oncle Sam ?
Les considérations morales inspiraient ce néocolonialisme de la vertu, dans une stratégie de soumission culturelle totale.
Ainsi l’Aigle impérial prétend-il s’imposer comme progressiste en son offensive contre l’Ours russe présenté comme un rétro-plantigrade.
Il guide les nations plongées dans l’ignorance en focalisant les opinions sur les questions sociétales, afin de faire diversion des oppressions sociales.
Wall Street, Pentagone, Hollywood et Silicon Valley ne manquent pas de think tanks et d’ONG, ni la tour Panoptic d’artillerie médiatique lourde,
pour soutenir les droits des LGBT dans leur juste combat d’émancipation sexuelle : à condition que ce culture forming n’inquiète jamais Kapitotal.
« Défendre les valeurs démocratiques et le marché libre » fut la formule en usage pour signifier mise à sac de l’Etat soviétique et pillage du pays par les gangs organisés.
Ce fut le cas partout ce dernier demi-siècle, mais nulle part comme en Russie.
Depuis les colonnes d’Hercule entre l’Atlas et l’Atlantique, il faut capter la voix des sages en Atlantide pour traduire
ce que nous dit Lénine dans son mausolée sous les murailles du Kremlin. Qui pourrait l’entendre, sans l’antenne cosmique des ancêtres oubliés ?
Quelle oreille connectée serait-elle apte à percevoir le souffle vital d’une momie ?
L’humilité de Vladimir Ilitch lui fait taire que son Impérialisme stade suprême du capitalisme signalait déjà, voici plus d’un siècle,
cette mutation dans les rapports traditionnels entre vendeurs et acheteurs, qui tendaient à devenir plutôt liens de sujétion entre créanciers et débiteurs.
Lénine y constatait que le marché mondial vise à s’affranchir des limites nationales, dont s’accommodaient les groupes monopolistes lors de leurs phases d’essor.
Un hiatus doit nécessairement se produire entre pieuvres planétaires et vieilles structures étatiques, dans la bataille féroce pour le partage du monde.
Il décrit, par exemple, comment le marché du pétrole est l’objet d’une guerre entre deux groupes financiers :
la Standard Oil de Rockefeller et les maîtres du pétrole russe de Bakou Rothschild et Nobel.
Mais la concurrence hollandaise de Shell, acoquinée au capital anglais, et d’autres firmes liées à la Deutsche Bank, produisent un tumulte explosif
dont le résultat se chiffre en millions de morts et d’où sort la révolution d’Octobre.
Celle-ci survient comme un dépassement historique possible des rivalités inhérentes au capitalisme,
dans le cadre duquel concurrences pacifiques et conflits militaires ne sont que les formes extérieures d’une même réalité : la lutte pour l’appropriation du monde.
L’antagonisme qui sous-tend celle-ci de manière occultée par l’idéologie bourgeoise, oppose en profondeur la classe des propriétaires et celle des expropriés.
Lénine souligne encore l’incapacité, consubstantielle au capitalisme, de trouver une issue viable à ses contradictions.
D’où le vice fondamental dans la stratégie russe actuelle, dès lors que Poutine impute au communisme la responsabilité des tares de l’URSS tout en feignant d’en déplorer la mort.
Et l’urgence d’actualiser l’analyse de Lénine par de nouveaux concepts.
Kapitotal est la masse des surprofits issus de l’industrie financière depuis près d’un demi-siècle,
dont il revient de masquer l’empire aux industries visuelles et sonores de la tour Panoptic.
Le pseudocosme qui en résulte est baptisé « combat entre démocratie libérale et autocratie totalitaire ».
Ainsi, la Russie fut « démocratique » sous la dictature sans partage du crime organisé d’importation occidentale durant le règne du toutou,
mais redevint « totalitaire » dès que Poutine rétablit la souveraineté de l’Etat.
Si la liberté est identifiée au pouvoir illimité des mafias financières ayant taillé en pièces un corps social modelé par des siècles de tsarisme
et trois quarts de siècle de soviétisme, la reprise du gouvernail par une autorité refusant le pillage par des clans étrangers fut un casus belli
qui déclencha l’escalade par intimidations, provocations, manipulations, humiliations, vexations (procédés typiques dans la guerre des gangs)
devant conduire l’Ours russe à une démentielle explosion de rage destructrice.
L’aspect comique du drame inéluctable qui s’ensuit réside en l’unanimité du chœur orchestré pour vanter la supériorité morale du clan hégémonique,
dont cette guerre est l’objectif depuis la création de l’Alliance atlantique.
N’allait-il pas de soi que le berceau de la Rus’ (immense et mystérieuse contrée barbare) préfère au joug de Moscou les caresses de Washington ?
L’Atlantide murmure que la somme des fonds russes détenus dans les banques occidentales avoisinerait la moitié du PIB annuel de la Russie, soit quelque 1000 milliards $ ;
que le trading international des aciéries de Magnitogorsk et des matières premières sibériennes, hier encore basé à Londres ou à Lugano, passerait désormais par Dubaï ou Singapour.
Les Atlantes ont enregistré d’autre part une sitcom télévisée en 51 épisodes (Serviteur du Peuple),
où le dictateur actuel de l’Ukraine fit la répétition générale de son rôle en perfectionnant la gestuelle d’un chef d’Etat.
Bien avant de troquer la marotte pour le sceptre, ce pitre partagea les mœurs des oligarques en plaçant les gains de son affairisme audiovisuel
dans les places financières offshore des îles Vierges britanniques, de Chypre et du Belize. Ce qui fut observé dans l’île reliant Europe, Afrique et Amérique,
où le Conseil des Sages est obligé de constater une similitude affairiste entre gestionnaires de Kapitotal, de part et d’autre du champ de bataille.
Que faire ? écrivit Lénine en 1903, reprenant le titre de Tchernychevski.
Les Atlantes ne cachent pas leur parti pris de principe en faveur du pays dont le peuple accomplit en 1917 le plus prodigieux bond de l’histoire ;
même si les moujiks illettrés d’avant-hier, cultivés soviétiques d’hier, se laissent enfumer par une idéologie rétrograde faisant le jeu de l’Occident.
Les invocations dévotes à Saint Georges et saillies imbéciles relatives au « combat de la lumière contre les ténèbres », font grimacer en Atlantide.
On n’y peut soutenir les suceurs de sang paradant en Lamborghini sur la chaussée Roublev à Moscou, quand le peuple russe ploie sous leur knout.
On y sait que les centaines de milliards volés pour être investis dans des placements en tout genre hors des frontières,
et le mimétisme caricatural de ces analphabètes nouveaux riches, devenait gênant pour le capitalisme occidental, dont la perpétuation dépend d’une illusion de respectabilité.
Laquelle se doit d’être conforme à des normes bourgeoises que les flirts entre Poutine, Berlusconi, Trump & Co dévalorisent plutôt.
Bouseux des steppes et péquenots mal dégrossis de l’Oural, devenus propriétaires des plus riches clubs de football ou de chaînes d’hôtels à 2000 $ la nuit,
font baisser le standing des aristocraties traditionnelles du fric, jalouses de la réputation de leurs yachts et jets privés.
La frontière doit être nette entre cette mafia régie par des mœurs grossières et celle qui, d’une moralité de façade irréprochable, représente le plus noble fleuron de la civilisation.
Voilà pourquoi l’Atlante posté depuis des siècles aux colonnes d’Hercule proposa de tirer le plus honorable profit de Gibraltar,
place financière de premier choix, située à un pas de titan.
Le Conseil des Sages en Atlantide accepta sa proposition d’utiliser Global Viewpoint, une structure bancaire particulièrement prospère et (jusqu’ici) indemne de sanctions,
dont les occultes ramifications relient Moscou aux plus invisibles paradis fiscaux. L’idée ? Faire circuler dans ce circuit, non de la Valeur, mais de la Parole.
On estime à 300 milliards les fonds passés depuis 30 ans par ces réseaux opaques ayant leur siège principal sur le boulevard Gogol, près du vieux quartier Arbat.
Les transferts d’argent sale provenant de Russie et d’autres pays de l’ancienne URSS passent par Nijnevartovsk, Mogilev, Beltsy, Riga,
pour transiter ensuite par une succession de lieux soumis à des systèmes juridiques variés : Saint-Marin, îles Hébrides, Gibraltar.
La proximité de cette escale dans les périples de la semence du diable était plaisante aux yeux des Atlantes. Et surtout symbolique.
Nec Plus Ultra. Si la finalité de l’existence à l’échelle planétaire était d’être un créditeur fiable,
débitrice d’une somme supérieure à toutes les richesses créées depuis la préhistoire était l’humanité vivante.
Monstruosité s’expliquant par l’esclavage du plus grand nombre et la domesticité des secteurs privilégiés.
La loi de la Valeur imposait au globe un empire dont le modèle avait eu pour lieu de son essor Gibraltar.
Il s’agissait donc de placer dans les tuyaux de l’un des tentacules de cette pieuvre une Parole.
Six notes se firent alors entendre sur un roc émergeant de l’Atlantique, en écho du sifflement lancé par Lénine à plus de 7000 kilomètres.
Toutes les succursales internationales de Global Viewpoint virent s’annuler leurs transactions boursières et commerciales, remplacées par un message :
« Ecoute les sanglots de la mer, ils sont le souffle des ancêtres oubliés ».
Que l’on crût en l’Atlantide ou non, les vagues autour du Rocher des Djinns – pointe avancée de l’Atlas – étaient peuplées de présences
qui débattaient entre elles avec l’intelligible netteté de voix portées par des ondes électromagnétiques.
Sous les installations de l’hôtel Atlantic, un bétail touristique circulant sur le rivage en voiturettes à moteurs ou à dos de chameaux,
plaçait dans ses écrans portatifs une foi dont ne bénéficiait pas cette minérale antenne cosmique.
Il suffisait de tendre l’oreille vers le tumulte liquide, pour percevoir ce qui se disait au Conseil des Sages ; avec plus d’attention, depuis Moscou, l’aimable badinage de Lénine.
à suivre...
Méditation captée le 18 avril 2023.
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