Cinquième invitation à l'Axiome de la Sphère
Vivent les Jeux sinaïques
L’intuition de la Sphère est inhérente à l’être doué de Parole.
Chacun dispose des facultés pour accéder aux confins de l’espace et du temps.
Ce voyage permet un séjour dans toutes les errances au long cours.
Il m’a fait le compagnon des tribus venues des sources du Nil qui franchirent le détroit de Bab el Mandeb (porte des Lamentations)
vers le Yémen, avant de gagner la Mésopotamie pour y fonder Sumer.
Puis, des premiers scribes de Babylone qui gravèrent mon épopée sur des tablettes en argile et disséminèrent l’écriture au Moyen-Orient.
J’ai connu par la suite les prophètes bibliques et les philosophes grecs non sans avoir partagé maintes aventures homériques,
dont on néglige de rappeler qu’elles s’inspirèrent du dieu de chez nous Mardouk…
Axiome de la Sphère offre le récit de cette itinérance.
On y suit la trace d’un ancien roi d’Uruk devenu magicien d’Irak,
échouant à Bruxelles parmi les migrants de son pays natal ravagé par les fléaux de la guerre.
En quelle œuvre littéraire d’aujourd’hui pouvais-je trouver asile,
sinon dans l’une des rares interrogeant les racines du présent désastre ?...
Avec un recul de cinq millénaires, j’établis ce constat planétaire :
quoi de plus intégré que les circuits de l’argent, de plus désintégré que les sociétés humaines ?
Absence d’intégrité, montée des intégrismes, sont les symptômes d’une tumeur maligne n’ayant nul droit de diagnostic.
On s’horrifie de mille signaux morbides,
en interdisant d’analyser quel mal profond ronge un organisme social décrété par ailleurs en plein progrès,
pourvu qu’il accélère la prise de potions dont la plupart de ses membres et organes font la preuve qu’elles aggravent le mal.
Et les réactions de rejet sont déclarées pathologiques par les médicastres aux gages du gang pharmaceutique.
Les ténèbres ont pris possession d’un monde se réclamant des Lumières à mesure qu’il ignore la Sphère,
et dictent pour ordonnance de se confier plutôt aux bulles financières…
Il n’est de jour où n’explose quelque scandale sanitaire ou numérique.
D’où vient cet empoisonnement chimique et électronique ?
Dans notre mythologie sumérienne, le Seigneur de l’Arbre de Vie était représenté par un serpent considéré comme dieu de la magie
et de la guérison. Les Grecs s’en souviendront ; qu’en fera la tradition judaïque ?...
Les premiers dérivèrent du nom de leur montagne sacrée l’invention de joutes symboliques
destinées à sublimer pacifiquement les conflits entre cités ; j’en appelle ici à ce que fasse de même la nation juive.
Si l’olympisme fut créé pour transférer dans l’espace public du stade les énergies guerrières
et purger la société de ses passions mauvaises – à l’instar du théâtre –
pourquoi le sinaïsme ne remplirait-il pas une telle fonction ?
L’une et l’autre de ces deux cultures, aux origines de la grandeur occidentale,
n’ont-elles pas rayonné par la grâce de cet autre édifice prestigieux qu’était le temple ?
Même si celui de Jérusalem n’a plus le lustre conservé par l’Acropole,
son vestige hérité d’Hérode qui subsiste sous la forme d’un mur,
est illustre par le nom que les dieux de la Sphère ont transféré du bout de mer
par où s’infiltra la migration de nos lointains ancêtres communs : Lamentations…
Qui n’y lit un signe invitant notre espèce à un sursaut de conscience ?
Le monde marchand triomphant, durant tout le XIXe siècle,
fit assaut de références à la Grèce antique pour parer ses temples économiques et politiques de colonnes ioniennes et doriques.
Il en allait d’une gloire idéologique nécessaire à la Bourse et aux parlements démocratiques.
C’est dans un tel contexte que fleurit partout l’hellénisme, et que l’on ressuscita les Jeux olympiques.
À partir de la seconde moitié du siècle XXe (marquée par l’existence de l’État d’Israël),
et particulièrement de son dernier quart, ne voit-on pas un autre logiciel aux commandes ?
Par un mouvement inverse de celui qui fit déchoir la Grèce de sa splendeur antique vers un avilissement dans l’esclavage par la dette,
le peuple hébreu remonta des ténèbres de l’histoire pour devenir un phare mondial.
Éclatante est sa victoire morale sur hordes barbares et bêtes sauvages ayant osé disputer la souveraineté du peuple élu sur sa Terre promise.
Le judaïsme devait donc supplanter l’hellénisme comme axe intellectuel et spirituel de l’Occident.
Si l’on ne compte pas les divinités de l’Olympe – ce panthéon trop humain pour être crédible,
et donc voué tôt ou tard à la déperdition – l’Éternel, ayant offert à l’humanité sa Loi sur le mont Sinaï,
s’impose à elle par une omnipotence, omnivoyance et omniscience hors de discussion.
(Que les Dix Commandements s’inspirèrent du code d’Hammourabi, gravé dans la pierre dix siècles avant la première Torah, n’importe guère.)…
Une espèce humaine scindée en winners et losers – sans les instances médiatrices héritées du modèle chrétien –
ne correspond-elle pas à la vision hébraïque distinguant les élus des damnés ?...
Ce plan divin seul était apte à légitimer la division des hommes entre maîtres de l’éther et gueux rampant dans la poussière.
Tout cela se trouve explicité par l’auteur d’Axiome de la Sphère…
Comme chacun sait, le noble idéal olympique a sombré, corrompu par cancers et gangrènes dont j’ai parlé.
L’heure est venue d’y substituer une ambition nouvelle, dont le Pierre de Coubertin semble tout trouvé.
Je suggère que les futurs Jeux sinaïques aient lieu à l’embouchure du Jourdain.
Des compétitions sportives y arbitreraient les conflits de la planète, à commencer par ceux du Moyen-Orient.
Déjà sont prêtes à entrer en lice la plupart des formations de la région, sous le patronage de BHL.
Son projet visant à séduire le peuple kurde pour en faire une chair à canon de haute qualité militaire et
de faible valeur pécuniaire contre les anciennes civilisations, fut annoncé dans un think tank de Riyad, au King Faisal Center.
L’axe Washington-Jérusalem-Riyad est donc promis à constituer la colonne vertébrale des Jeux sinaïques :
ce qui confirmerait le tableau brossé dans Axiome de la Sphère…
Grâce au « vent des réformes qui, c’est vrai, souffle sur le pays, même si beaucoup reste à faire (…)
même si les dirigeants commencent juste d’arbitrer la lutte entre les deux islams,
celui des extrémistes et celui des Lumières (…) je suis attentif au rôle joué par votre pays
dans le commencement de dialogue entre Israël et le monde arabe », analyse le philanthrope.
« Je suis peut-être naïf », ajoute-t-il pour cautionner MBS ;
sans ignorer que celui-ci finance, arme et orchestre les tueries massives de l’Afrique de l’Ouest à l’Indonésie
en passant par tous les pays du Sahel, faisant une boucherie à ciel ouvert des territoires livrés aux massacres djihadistes,
lesquels y justifient l’occupation militaire néocoloniale. Peut-on rêver meilleurs auspices pour les Jeux à venir ?
Une alliance entre sionisme, évangélisme et salafisme se noue dans le plan Vision 2030
concocté par des officines de l’ombre moyennant de gigantesques budgets publicitaires,
pour faire de l’Arabie saoudite une « capitale de l’Intelligence artificielle et du divertissement »,
vitrine où lunes artificielles, taxis volants, dinosaures et gladiateurs robotisés pareront d’un songe hollywoodien
les noces du postmodernisme et de la pré-modernité, dans l’anéantissement programmé
de ce qui fit le cauchemar du monde moderne : histoire et dialectique…
Je n’aurai pas fait en vain ce bond du IIIe millénaire avant, au 3e après votre ère,
s’il m’est donné de vivre le miracle des Jeux sinaïques !
Gilgamesh – février 2020
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