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SPHÈRE > Schizonoïa ...

En Marche ! ou crève… Ce mot d'ordre non dit des deux premières guerres mondiales est devenu l'explicite slogan du carnage actuel…
En prévision des tombereaux d'insanités que le centenaire d'Octobre 1917 verra déverser sur le marché, les signes éclairants que j'offre ici devaient avoir été écrits dans la marge des marges. Ils ne pouvaient jaillir de vive voix, le jeudi 20 avril dernier, qu'en ce pays des origines marginal entre tous qu'est l'Arménie, dans sa capitale Erevan, sous le mont Ararat où la légende biblique dit qu'échoua l'Arche d'après un précédent déluge universel.

 Alberto Lescay figure de Antonio Maceo
Alberto Lescay, figure équestre de Antonio Maceo, place de la Révolution à Santiago de Cuba

SCHIZONOÏA

Le délire schizonoïaque,
stade ultime de la psychose dans l’empire de Kapitotal.

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Ce qui complique toute réflexion sur la notion de révolution, c’est le mot lui-même. Car sa racine latine suggère un mouvement circulaire analogue à celui des corps célestes en astronomie, laissant entendre l’idée d’un retour cyclique vers l’état initial. Une première occurrence moderne de ce mot concerne d’ailleurs la révolution qui restaura la monarchie anglaise à la fin du XVIIe siècle.

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D’autre part, cette notion se trouve aussi prisonnière du temps linéaire propre à la culture judéo-chrétienne. Sur une ligne du temps orientée de la Genèse au Jugement dernier, surviennent des événements qui précipitent le cours de l’Histoire en réalisant une brusque accélération de ce cours, mais avec le risque d’un retour en arrière dès les premiers obstacles surgis de la confrontation au réel.

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Que ce soit dans la dimension du temps cyclique, ou dans celle du temps linéaire, la notion de révolution se trouve prise à des pièges conceptuels dont ne peuvent manquer de tirer profit les forces qui lui sont opposées, capables d’exploiter son ambiguïté constitutive pour en fabriquer d’habiles simulacres. Davantage encore que ses ennemis déclarés, ce sont les forces agissant en son sein qui s’avèrent ses plus redoutables adversaires, quand une révolution manque du dynamisme nécessaire pour les englober dialectiquement. Les forces modérées incrimineront les excès pour justifier un retour au même selon la conception cyclique, et les forces aventuristes argueront d’un excès de modération pour prétendre bondir plus en avant, ce qui risque d’entraîner un recul en arrière selon la conception linéaire. Ces deux forces apparemment opposées, « gauchiste » et « droitière », s’avéreront toujours les plus susceptibles d’entraver le cours de la révolution réelle en scindant ses deux aspects constitutifs : rupture ET continuité.

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Je propose donc d’envisager celle-ci dans une dimension qui combinerait le temps cyclique et le temps linéaire, où l’axe du temps évoluerait en forme de spirale. J’appellerais une telle dimension le temps sphérique. Alors, s’aperçoit lumineusement la manière dont certains très rares événements historiques semblent répondre aux plus anciennes révélations prophétiques, réflexions philosophiques et intuitions poétiques par une avancée vers l’avenir engageant l’humanité entière. Cette hypothèse autorise à visualiser la Révolution française et la Révolution russe, non comme des épisodes factuels ne concernant que des nations particulières, mais comme des fulgurances d’importance universelle. S’il est bien entendu que tous les événements de l’Histoire, selon cette conception globale, sont à prendre en considération comme chaque partie d’un organisme dont aucune n’est négligeable, tous n’ont pas le même caractère nécessaire pour l’ensemble de l’organisme. Ainsi, l’on pourrait supprimer bien des phénomènes de l’Histoire sans que son essence n’en soit gravement modifiée. Mais l’amputer de la Révolution française et de la Révolution russe équivaudrait à la décapiter.

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C’est ici que toutes les manipulations sont à craindre, faute que prévale une vision claire de ce qui aurait valeur universelle et nécessaire  à l’échelle de l’Histoire, et que s’imposent des critères pour le justifier. Si l’on se réfère aux plus hautes expressions de l’intelligence humaine au cours des deux derniers siècles, 1789 et 1917 apparaissent comme les dates les plus fatidiques de l’ère chrétienne. Sans doute la France a-t-elle maintes fois trahi les promesses contenues dans la devise de sa révolution. Mais peut-on douter du fait qu’à jamais « Liberté – Egalité – Fraternité » demeurent un idéal suprême pour l’humanité ? De même, si l’Union soviétique a cessé d’exister formellement, qui oserait affirmer qu’appartient au seul passé la phrase concluant le Manifeste communiste de Karl Marx, et figurant toujours sur le drapeau du parti de Lénine : « Prolétaires de tous pays, unissez-vous ! » ?

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Que peut signifier le caractère universel des révolutions française et russe, dans une dimension qui n’est plus ni cyclique ni linéaire mais sphérique, sinon le fait qu’elles ont accéléré le cours de l’histoire planétaire en exerçant une influence décisive sur tous les êtres humains sans exception, tout en intensifiant d’une manière sans précédent la réflexion que l’humanité porte sur elle-même ? Comme la Révolution française inspira les plus hautes créations intellectuelles au XIXe siècle, tous les esprits du XXe siècle furent aimantés – fût-ce négativement – par la Révolution russe. Tous les soubresauts du capitalisme (sous forme social-démocrate, libérale ou fasciste – voire sous la forme du djihadisme islamiste), peuvent-ils s’analyser autrement que comme des réactions contre le spectre du communisme ?

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Un lien mystérieux se nouait déjà au XVIIIe siècle entre la France et la Russie, dans la protection que Catherine II accorda à Diderot, menacé dans son propre pays, qui grâce à cette aide providentielle put faire de son Encyclopédie un phare indispensable pour 1789. Et les idéaux de 1789, captés par Pouchkine puis par les publicistes russes du XIXe siècle, de Bielinski à Tchernychevski, ne contribuèrent-ils pas au triomphe de 1917 ? Ces deux dates actualisent donc, dans une soudaine mise en lumière ayant la fulgurance de l’éclair, les principes constitutifs de l’humanité que sont ses exigences esthétiques, éthiques et politiques, lesquelles embrassent à la fois ses origines et fins dernières. Dignité, vérité, justice pour tous les hommes, clament ces exigences.

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Or, l’ère capitaliste peut se définir comme une gigantesque inversion des moyens et des fins. L’argent, la valeur d’échange et le marché – ces instruments conçus pour la satisfaction des besoins humains – se transforment, sous le capitalisme, en alpha et oméga. Quant aux valeurs d’usage, à l’épanouissement de l’être, ils n’y sont rien d’autre que des moyens pour l’accumulation du capital. Cette inversion fondamentale est en contradiction flagrante avec l’humanisme hérité des Lumières, de la Renaissance et de la philosophie grecque – mais aussi du christianisme –  dont le monde moderne a prétendu faire ses matrices conceptuelles. Comment l’idéologie bourgeoise peut-elle coexister avec une telle contradiction ? Comment s’y prend-elle pour concilier les idées de « droits de l’homme » et de « démocratie », propres à la modernité, avec la réalité d’un processus d’exploitation économique, de domination politique, d’aliénation psychique réduisant l’humanité non possédante à l’état de marchandise ? Quels stratagèmes idéologiques sont-ils mis en œuvre pour colmater une schize fatale entre extrême accumulation des richesses à un pôle, et extrême accumulation de misères à l’autre pôle ?

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Ici se manifeste une pathologie mentale que l’on pourrait nommer schizonoïa, combinant les racines des mots « schizophrénie » et « paranoïa ». C’est d’une dislocation psychique structurelle qu’il s’agit, aggravée par la prétention d’une supériorité transcendante affirmant comme indiscutable par les dominés le point de vue de la domination. Ce qui relève d’intérêts particuliers (le profit maximal) prétend représenter l’intérêt général en usant de tous les artifices du double langage, et du paralogisme, pour simuler l’expression d’une vérité révélée. Grâce aux moyens de communication, la doxa du capitalisme s’impose comme une pensée reposant sur un argumentaire incontestable, selon lequel il n’y aurait d’autre choix pour chaque citoyen du village global que de considérer Bill Gates comme le plus généreux des philanthropes, l’OTAN comme le plus sûr bouclier des opprimés et Bernard-Henri Lévy comme la conscience la plus éclairée de notre temps. Les manifestations de cette schizonoïa s’imposent avec la force d’un déterminisme absolu : il ne peut en être autrement. (« There is no alternative », pouvait affirmer Margaret Thatcher, abolissant par là-même l’hypothèse démocratique.) La schizonoïa doit être comprise comme une ruse du pouvoir global pour occulter le caractère organique de l’histoire humaine, orientée vers les idéaux de vérité, de justice et de dignité.
Cette ruse consiste à en usurper les masques afin de recouvrir un système d’injustices, de mensonges et d’abominations sans précédent, toujours sous injonction de la nécessité. Mais l’humanité dispose d’antennes lui permettant d’enregistrer les profondes mutilations de son organicité, quand la structure ternaire d’une société organisée se trouve réduite à une dualité binaire. Celle-ci génère un processus de désintégration sociale, qui fut le terreau des révolutions française et russe, comme chinoise et cubaine. Il ne se trouve personne pour douter du fait que Juillet 1789 et Octobre 1917 aient illuminé, non seulement l’humanité dans son ensemble, mais chaque être en particulier. L’industrie des représentations se devait donc de falsifier le sens d’une telle illumination. De sorte qu’au nom même des Lumières se fabriquent les plus massives productions d’obscurantisme discréditant ce qu’il y eut de plus éclairant dans 1789. Et c’est au nom même de l’émancipation du genre humain promise par 1917, que l’idéologie bourgeoise n’eut de cesse de combattre l’Union soviétique. En ce clivage mental n’osant pas nier théoriquement la validité des idéaux ultimes que sont vérité, justice et dignité pour tous les hommes, tout en combattant à mort les conditions pratiques de leur accomplissement par un processus révolutionnaire, se décèle cette pathologie mentale de la schizonoïa.


 incantation arabo-américaine

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Combien d’aventures impérialistes et colonialistes, au XIXe siècle, se firent-elles au nom des principes civilisateurs de 1789 ? Combien la social-démocratie, mais aussi l’extrême et l’ultragauches, au nom des principes de 1917, ont-elles armé la contre-révolution anticommuniste mondiale dans la seconde moitié du XXe siècle ? Ces manœuvres s’opérèrent toujours sous les déguisements les plus radicaux. Leur paradigme fut le show parisien de Mai 68, simulacre absolu de révolution, donc aussi modèle pour toutes les parodies révolutionnaires à venir. La direction stratégique de Mai 68, ayant agi dans l’ombre des années 50 et 60 sous le nom d’Internationale Situationniste, avec pour objectif d’abattre De Gaulle tout en combattant le communisme et les syndicats comme principaux ennemis du prolétariat, ne proclamait-elle pas : « Tout le pouvoir aux soviets ! » ?

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L’hypothèse d’un temps sphérique me paraît nécessaire pour éclairer le fait qu’en toute révolution réelle se joue une dialectique de totalité. La révolution réelle n’est promesse de progrès qu’à condition d’assumer aussi les traditions ancestrales. Elle est à la fois conservatrice et créatrice, ne pouvant offrir des fruits d’avenir qu’en se nourrissant d’une sève puisée par ses racines dans le plus lointain passé. Elle est donc à la fois rupture et continuité. Classe paysanne, prolétariat et intelligentsia (pris au sens large) n’ont aucune perspective historique sans conscience claire des enjeux de leur combat. C’est au cœur d’une telle conscience que frappe la schizonoïa, fausse conscience du marché mondialisé. Certes, les communistes eux-mêmes ont une grande part de responsabilités dans l’explosion de cette conscience unitaire, faute d’avoir actualisé la pensée critique de Marx dans les développements de son Capital relatifs au fétichisme de la marchandise. Ainsi se construit, en Occident, l’image d’une « classe moyenne urbaine éduquée, adepte de la mondialisation », à laquelle s’opposeraient des « populations rurales rétrogrades et arriérées », qui seraient le frein d’un inéluctable progrès. Selon ce schéma schizonoïaque, le dernier livre du futur président français Macron, élu par la banque Rothschild, porte bien son nom : Révolution. Malgré tous les aléas conjoncturels, toutes les manipulations sémantiques, toutes les falsifications historiques, l’intention structurelle de réconcilier l’humanité avec elle-même demeure le secret de l’impact universel de 1789 et de 1917. La schizonoïa, principale pathologie gangrénant le cerveau collectif occidental, se caractérise par une abolition de la dialectique de totalité comme par la négation de tout devenir historique.


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Les principaux événements contemporains peuvent se lire comme symptômes de cette schizonoïa généralisée. Pareille fausse conscience occulte les antagonismes réels et attise les contradictions secondaires (ethniques ou religieuses), en feignant d’y apporter une solution « révolutionnaire ». Ainsi prolifère un discours de façade sur les droits de l’homme et la démocratie, quand ceux qui le tiennent soumettent la planète aux esclavages requis par l’unique loi du profit maximal. Ainsi l’humanisme officiel déclare-t-il à l’humanité qu’il n’est d’autre expression possible de son identité qu’une existence d’objet producteur et consommateur, hypnotisé par les idoles du marché dont la valeur d’usage est devenue destructrice de la nature comme de la culture. Ainsi, la race élue s’attribue-t-elle un prestige moral usurpé aux damnés de la terre, de la mer et du désert, non sans que ses élites se présentent en victimes du système qu’elles dirigent. Quelle plus caricaturale illustration de la schizonoïa, que le nom donné aux missiles de croisière lancés récemment sur la Syrie par un destroyer américain, nom emprunté au vocabulaire des Amérindiens dont le génocide fut constitutif des Etats-Unis d’Amérique : Tomahawk ? L’homme le plus puissant du globe ne s’est-il pas prétendu « choqué » par les documents de sa propagande ? N’en a-t-il pas tiré prétexte pour une action de guerre unilatérale et hors-la-loi, déguisée en « combat contre l’injustice » afin de laver un « affront à l’humanité » (ce sont les termes employés par Donald Trump, applaudi par toutes les diplomaties occidentales) ? Cette plaisanterie macabre, suprême exemple de délire schizonoïaque, soulèverait un éclat de rire chez tous les commentateurs politiques, s’ils n’étaient majoritairement affectés par cette maladie.

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La plus vieille contradiction symbolique des mythologies humaines oppose les images de l’enfer et du paradis. L’humanité ne peut-elle être définie comme une tension médiatrice entre les pôles opposés de la divinité et de la bestialité ? Dans ce schéma, la schizonoïa se présente comme une démence, entretenue par ceux qui se revendiquent propriétaires de l’humanité, dans un monde scindé entre winners et losers, élus et damnés, insiders et outsiders. La race élue s’attribue donc les privilèges du paradis, rejetant l’immense majorité du genre humain dans une damnation d’inspiration biblique, tout en prétendant obéir à un plan divin. L’Axe du Bien s’oppose à l’Axe du Mal, sans médiation possible. Ne voit-on d’ailleurs pas, comme à chacune des crises du capitalisme (insolubles toujours hors de vastes dévastations militaires), fondre les « classes moyennes » ? Bernard-Henri Lévy dirige la manœuvre sur les champs de bataille de Bosnie et de Libye, d’Ukraine et de Syrie, depuis son jet privé. Au nom de l’Eternel, un camp revendique l’hégémonie globale sous les apparences d’une instance arbitrale, transcendante et impartiale, qui édicte souverainement les normes idéologiques et morales auxquelles devrait se soumettre l’humanité civilisée dans son combat contre la barbarie.

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Mais quel acte plus absolument barbare qu’Hiroshima ? Je me souviens d’un film russe intitulé « Moscou ne croit pas aux larmes ». Schizonoïaques sont les larmes prétendument versées devant l’image de quelques enfants morts par les actuels complices d’Hiroshima, coupables d’un système faisant périr les enfants par millions faute d’eau potable. Et qui peut ignorer que la première bombe atomique était dirigée contre l’Union soviétique ? L’idée que nous vivons depuis près de trois quarts de siècle sous la protection du feu nucléaire constitue par elle-même une irradiation mentale de l’humanité propice à la schizonoïa. Ces jours-ci paraît en France un rapport salué par les médias du National Intelligence Council américain, dont le titre sonne comme un programme de jeu vidéo : « Le monde en 2035 vu par la CIA ». « Les valeurs américaines adoptées par le monde en 1945 vont-elles rester hégémoniques ? » Telle est la question posée par ce rapport schizonoïaque, selon lequel ne devrait pas se discuter le « leadership » de « valeurs » jamais précisées, dont on sait qu’elles s’incarnèrent en la bombe atomique et en Superman, en Hollywood et en Bubble Gum, en Goldman Sachs et en Coca Cola, en Bill Gates et en Mac Donald, sans autre horizon que le transhumanisme promu par une Silicon Valley programmant la robotisation du genre humain grâce à l’intelligence artificielle de Google et de la NASA.

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La destruction des identités culturelles propres au génie de chaque peuple, au profit d’un marché standardisé dominé par la finance, implique une stratégie du « regime change » à l’échelle planétaire. Encore faut-il que ces manœuvres de l’ombre soient parées d’artifices les faisant passer pour des révolutions populaires. Nous reconnaissons là le « Project for the New American Century » élaboré peu après la fin de l’Union soviétique, et aussitôt mis en œuvre dans les guerres du Golfe, pour entourer Sionland d’un vaste Salafistan. Le document Rebuilding America’s Defense n’envisageait-il pas une dictature militaire mondiale pour assurer la suprématie des Etats-Unis ? N’est-ce pas l’intuition de ce qu’il allait leur en coûter qui fit les travailleurs américains se détourner d’Hillary Clinton, proche des concepteurs de ce projet, dont on a pu dire qu’il différait du Mein Kampf d’Hitler par le seul fait que ce dernier ne disposait pas de l’armement nucléaire ? Il faut qu’une schizonoïa se soit emparée des esprits pour que la réalisation sous nos yeux d’un tel programme en Irak et en Syrie puisse continuer de se travestir en projet révolutionnaire. La notion de  révolution, niée dans son sens d’ouverture au devenir historique pour l’humanité, quand elle n’est pas utilisée dans les plus vulgaires publicités commerciales, sert donc de vitrine à l’Open Society du philanthrope George Soros. Irak, Yougoslavie, Libye, Syrie, Ukraine, Géorgie : autant de « révolutions » dirigées contre le fantôme de l’Union soviétique. N’était-ce pas l’option du camp socialiste contre une domination de l’économie par les intérêts de la finance qui expliquait les antagonismes de la guerre froide, la surenchère militaire débouchant sur le projet de Stars War, et la victoire de ce que je nomme Kapitotal ?

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Il faut donc parler de pseudocosme pour désigner un système de représentations falsifiées qui occupe le cerveau global sous forme d’un show permanent tenant de la mascarade carnavalesque, où règne une prolifération cancéreuse de bavardages insignifiants, dans le vacarme  d’une sous-culture ordurière. Ce pseudocosme est une image du monde consubstantielle à la schizonoïa. Son origine peut être détectée dans la fausse conscience de la bourgeoisie occidentale au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Communistes et gaullistes avaient constitué la colonne vertébrale de la Résistance en France contre le nazisme. Ils avaient permis qu’avec l’Armée rouge une puissante mâchoire brise la nuque de l’hitlérisme. Ce qui précipita l’entrée en guerre des Etats-Unis, surpris par l’inattendu dénouement de la bataille de Stalingrad. Cette vérité n’a plus cours en Occident. Car l’intervention américaine avait planifié une colonisation économique, politique et idéologique de l’Europe, concrétisée bientôt par le plan Marshall. Ainsi fut créée l’Union européenne sous domination de l’OTAN, toutes structures dirigées contre l’Union soviétique. Alors commence une période où tout discours politique relève du double langage, puisque les nazis d’hier sont incorporés dans le nouvel espace autoproclamé démocratique, alors que le camp soviétique, véritable vainqueur d’Hitler, est désigné comme nouvel ennemi sous la figure de l’« Empire du Mal ». Le grand Jaurès, fondateur du journal L’Humanité, n’avait-il pas proclamé voici plus de cent ans : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée l’orage » ?

Le 17 avril 2017

 L'Humanité de Jean Jaurès

 la sphère en révolution

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