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Débat d'orientation

 Débat d'orientation


Peut-on s'orienter ? La question suppose l’existence d’un Orient – sans quoi nos langues avoueraient un défaut de vocabulaire, toute interrogation relative au sens où aller n’admettant qu’une seule formulation : peut-on s’occidenter ?

Question jamais posée, les plus puissantes instances au gouvernail de notre monde n’ayant de cesse d’affirmer, d’une manière subliminale, qu’il est impératif pour l’humanité de s’occidenter. Qu’en est-il de l’Orient ? A-t-il droit d’exister et, dans l’affirmative, qu’en est-il d’éventuelles relations entre Occident et Orient ?

Un tel questionnement est utile pour éclairer la troisième guerre mondiale, dont l’initiale explosion fut déclenchée en Extrême-Orient par l’Extrême-Occident, quand la deuxième venait d’être achevée comme l’était l’adversaire supposé (le nazisme), et que les États-Unis d’Amérique lancèrent la première bombe atomique sur Hiroshima contre l’Union soviétique. Le Japon serait englobé dans un Occident dont la folle jeunesse commencerait à nourrir un tropisme oriental. Heureusement Séoul, Singapour, Taïwan et Shanghai conserveraient l’identité occidentale, si chèrement payée par la Hong-Kong & Shanghai Banking Corporation depuis les guerres de l’opium contre Pékin ; banque HSBC, toujours premier groupe financier de l’Europe et fleuron de la démocratie occidentale en Orient.

Or voici que, 77 ans après les Mille Soleils au pays du Soleil Levant (j’écris ceci depuis le Maghreb, terre d’Orient dont le nom signifie soleil couchant), les États-Unis d’Amérique, par leur bras armé qu’est l’Alliance dite atlantique, font exploser des gazoducs en mer Baltique et détruisent un pont reliant entre mer Noire et mer d’Azov l’Orient de l’Occident à l’Occident de l’Orient. Ces attentats terroristes (aucune guerre n’ayant été déclarée par l’OTAN), dirigés contre les deux principales actrices de la précédente guerre mondiale (Allemagne et Russie), ont pour objectif stratégique d’imposer à l’Ukraine (dont le nom signifie frontière) un diktat : plus encore que s’occidentaliser, elle doit s’occidenter. Ce que font, avec un zèle domestique admirable, ces riches terres à l’Orient de l’Europe, heureuses de s’offrir aux cupidités prédatrices de l’Occident contre l’assurance d’une servilité bien payée. Ce qu’en langage diplomatico-médiatique on appelle héroïsme patriotique. Tout se passe comme si l'Occident était mu par un impératif supérieur faisant fi de ses présupposés démocratiques (nulle consultation d’aucun peuple d’Europe ou d’Amérique), impartissant au globe quelque chose comme une finalité destinale, une téléologie à sens unique : le monde entier (comme les planètes en voie de colonisation) doit être occidenté. Ainsi en ont décidé Wall Street, le Pentagone, Hollywood et la Silicon Valley. Donc, l’Union européenne. Force du lion, ruse du renard : les deux vertus du Prince pour Machiavel. Mais quiconque verrait ce qui se passe d’un regard objectif, ne serait-il pas enclin à poser néanmoins la question : peut-on encore s’orienter ?

Toutes les guerres de conquêtes impériales et coloniales menées par l’Occident depuis César jusqu’à Biden, en passant par Napoléon puis Hitler, se fondent sur une même justification. Des peuplades barbares menacent notre civilisation. Leurs mœurs diffèrent à ce point des nôtres que nos marchandises ont le devoir d’imposer leurs valeurs supérieures. De gré ou de force. Ainsi l’exige l’Éternel, à qui le chef de la Maison Blanche a prêté serment sur la Bible. Sans connaître l’avis du Grand-Orient d’Occident, nous savons déjà que le Grand-Occident d’Orient (dont le siège est à Taïwan) a tranché dans ce sens. Il ne peut exister aucun débat d’orientation. Seul prévaut le décret d’occidentation promulgué par Washington. L’axe Moscou-Téhéran-Pékin doit être détruit. Comme il en avait été pour Carthage, l’avatar de Caton démultiplié sur chaque plateau télévisé, dans chaque éditorial du monde libre a rendu sa sentence : Delenda est Moskva !

Si, contre le chœur des oligarques ayant pour choreute BHL, pouvait s'élever une requête en suspicion légitime à l'égard d'un tel scénario, veuillez entendre la voix d'un anachorète condamné par l'Olympe à l'Occident des terres, dialoguant avec son alter ego torturé sur un pic du Caucase en l'Orient d'Arménie. Atlas et son frère Prométhée prennent à témoin la littérature pour attester que le peuple russe est appel de fraternité universelle, par la médiation qu'il constitue ontologiquement entre l'Occident et l'Orient.
Ce qu'atteste la plus importante œuvre romanesque du vingtième siècle et l'une des plus précieuses de tous les temps, celle (presque introuvable) d'Alexis Pechkov dit Maxime Gorki.


Anatole Atlas, Communion de tous les Saints 2022

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