SPHÈRE CONVULSIVISTE
 

 Manuscrits de la Mère Rouge

Article de
Pierre Mertens
dans Le Soir
9 mai 1985



 Amen

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Pierre Mertens
à propos des
Manuscrits de la Mère Rouge

 Pierre Mertens

 Article de Pierre Mertens


Transcription de la partie relative à Anatole Atlas et aux Manuscrits de la Mère Rouge

Pourquoi, après avoir parlé de livres d'auteurs notoires, que tout le monde peut lire, éprouvé-je le désir, et même le besoin de dire les vertus du texte à peine trouvable d'un auteur inconnu ?
Oh ! ce n'est pas par provocations, ni même pour céder à l'attrait du paradoxe... Mais ce serait plutôt pour prêter tout son sens aux paroles de Leiris que cite White et que j'ai reproduites ci-dessus.
( « au cœur du monde, il y a quelque chose de si brûlant qui délire, qui crie tout seul, demandant simplement qu'on l'entende et qu'on ait assez de courage pour s'y dévouer tout entier » )
Du reste, c'est d'une rencontre avec Leiris que je me suis souvenu quand j'ai lu, dans les Manuscrits de la Mère Rouge, d'Anatole Atlas, le récit qu'il fait d'une entrevue qu'il eut avec Aragon. Des pages surprenantes, et parmi les plus inattendues, les plus émouvantes qu'on ait consacrées à l'auteur de Mise à mort.
Du reste, aussi nous avons, Anatole Atlas et moi, plus d'une obsession en commun : celle, entre autres, d'un Bruxelles que ne traverserait plus, pour sa disgrâce, nulle rivière, et qui ne reproduirait plus, pour sa malédiction, que « le désordre labyrinthique du monde ».
C'est donc ici qu'Atlas – savourez le pseudonyme : l'auteur existe-il ? Ne s'agirait-il pas plutôt d'un personnage de roman ? Mais qu'importe ? – même dans l'attente « d'un monde enfin non clos, son enquête hallucinée. Il la poursuit, c'est l'évidence, dans une mouvance situationniste, même s'il lui arrive d'en découdre, au passage, avec ses camarades d'hier. La facture de son livre l'atteste, imprimé comme un tract et illustré de photos de famille qui s'entrechoquent avec des clichés de presse « historiques », tous assortis de citations détournées de leur contexte mais réinvesties d'un sens nouveau et impertinent. Autant de pièces à conviction qui composent un dossier rêveur sur notre Cacanie belgicaine, sur un roi dans la bouche duquel il met, à l'occasion, une phrase de Lowry. Sur cette époque, enfin, où, au petit écran, Yves Montand s'installe dans le rôle de prophète à la portée de tous les payeurs de télé-redevances...
Vrai : cette lyrique agit-prop, ce message maquisard qu'a poussé vers moi un vent favorable parce que, comme chacun sait, celui-ci souffle d'où il veut, me paraissent des plus stimulants.
Comme je préfère ce manifeste brouillon, mais où une voix se laisse entendre, à tant de gloses convenues et bon chic, bon genre, écrites le doigt sur la couture du pantalon, et dont n'est guère avare notre bel aujourd'hui !
P.M.

 Publicité dans Le Soir du 16 mai 1985
Le Soir, 16 mai 1985.

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