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Las Tres Casas de Pablo Neruda (I)

Botella en el Mar desde l'Isla Negra

Les rochers de l'Isla Negra n'ont pas oublié la voix de Pablo Neruda...
Dans leur mémoire séculaire sont gravées les images de son assassinat par la soldatesque chilienne de Kissinger, le 23 septembre 1973...
Sur la plage en contrebas, les mouettes parlent aux algues du Canto General en une langue ancestrale que traduisent les murs de Santiago. J'envoie le talisman de leur message comme une bouteille à la mer contenant une carte au trésor que l'humanité n'a pas fini de déchiffrer :
  « En la cosmovision andina, los ojos estan en la espalda y la mirada hacia al pasado. »

     (Selon la cosmovision andine, les yeux sont dans le dos et le regard est tourné vers le passé.)

Aux yeux des bourgeoisies coloniales d'Amérique du Sud, les peuples indigènes sont toujours un vieux film qu'on n'a pas choisi de voir ou choisi de ne pas voir. La question du regard pour le pouvoir ne se pose donc jamais que via les caméras et les écrans de la tour Panoptic...
Implantées dans les têtes comme dans les poches du prolétariat, ces bouillies d'images et de mots frelatés l'éloignent de lui-même comme un film distillant les fausses consciences nécessaires à Kapitotal. *

 Devant la maison de Pablo Neruda à l'Isla Negra

Souvent le destin m'a pris pour un autre...
Qui naquit juste sur la ligne de l'équateur marche un pied dans chaque hémisphère. De sorte qu'une ombre non seulement double, mais triple, avance et recule selon les points de vue des pôles austral et septentrional, mais aussi selon le point de vue médiateur de l'équateur. Ainsi l'Est et l'Ouest, l'Occident et l'Orient comme Nord et Sud (haut et bas de l'échelle sociale) me furent toujours problématiques...
Soleil, vent, sable, eau du Pacifique ont un autre esprit que leurs alter ego de l'Atlantique, et j'aime leurs langages respectifs. Car les souffles de la Cordillère n'inspirent pas comme ceux de l'Atlas. Que voulez-vous, le globe a ses tours et détours magiques faisant que les humains ne tirent pas en tous lieux de manière identique leurs ombres torturées...
Par exemple ici, nombreux sont ceux qui naissent en cendres dans des urnes faisant ailleurs l'ultime demeure de cadavres costumés. Peut-on croire en Europe que les cendres engendrent des êtres de chair et de sang ? Que les yeux ne sont pas murés de mêmes chagrins ? Que les dieux n'ont pas la même immobilité du bouc avant le sacrifice ? Qu'ici change le sens de l'essence et de l'existence, comme celui du sang ?...
Ce que me confirme le spectre de Pablo Neruda, toujours entouré par ceux de ses vieux amis Vicente Huidobro et Pablo de Rokha, mais aussi de l'anti-poète Nicanor Parra, frère de la chanteuse Violeta...
Gracias a la Vida, lancent-ils en chœur aux moaïs de l'île de Pâques, en face au large à près de 4.000 kilomètres. Ensemble ils m'inspirèrent l'idée d'imiter Zo d'Axa. Parmi les lecteurs de sa revue L'En-Dehors, seuls ceux qui lui envoyaient une lettre assez motivée pour le convaincre, avaient une chance d'acquérir ses livres. Suivant son exemple, je n'adresserai le texte ayant fait l'objet de deux conférences, à Santiago et Valparaiso les 13 et 16 décembre dernier, qu'aux audacieux capables de mériter Destin stellaire de la Parole...
Puissent-ils y découvrir une réponse au vœu formulé par Aragon, frère de Neruda :
Hommes de demain soufflez sur les charbons
À vous de voir ce que je vois

A.A. 20 décembre 2019


De retour au pays, m'assaillent les déjections excrémentielles des Trump, Johnson, Orban, Salvini, Le Pen, Erdogan, Bolsonaro, toujours plus fétides à l'instar de celles d'un Piñera au Chili ou d'un De Wever en Belgique, par la complicité même de leurs prétendus opposants démocrates : ce sont les deux mâchoires du Moloch, qui partout broie toute véritable résistance.

 Salvador Allende et Pablo Neruda

 Walonie Bruxelles international   Merci à  Wallonie - Bruxelles international  qui rembourse les billets d'avion.

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