SPHÈRE CONVULSIVISTE
 
L'Ancêtre Cham et l'Oncle Sam
 
Ampoules pour élucider le Globe
 

 Ajiaco 2018

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L'Ancêtre Cham et l'Oncle Sam

Qui s'autorise une analogie poétique entre Cham (fils maudit de Noé dans la tradition biblique) et Cham (désignation millénaire en arabe du Levant), risque un cruel opprobre pour abus d'étymologie mythique...

Son cas s'aggravera s'il réfère l'oncle Sam au nom du prophète Samuel. Voire, au Sem d'après le déluge (fils aîné de Noé), promis par les tardifs scribes hébraïques à l'originelle bénédiction de l'Eternel, c'est-à-dire à la domination sur toutes les nations : ce que mirent en question Jésus, Spinoza, Marx, Freud, Einstein, Lukacs, Bloch, Adorno, Benjamin...

J'implore donc le pardon des puristes si je m'obstine à écrire Cham (et non Kam) le plus lointain ancêtre commun à l'humanité entière, quand Baby Mac, réfugié dans une casemate militaire sur l'arrière-front du Tchad, pousse l'obscénité jusqu'à contrefaire une posture morale digne de l'agent du Mossad Benalla (muni d'un passeport diplomatique, son barbouze l'avait précédé dans cette garnison française en Afrique, où se nouent tous les trafics d'armes, de djihad et de métaux rares)...

« L'ordre et la concorde doivent régner » proféra depuis son bastion néocolonial cet employé de Rothschild à l'Elysée, pour mater par les mots un peuple insurgé. De quel ordre s'agit-il, sinon du Nouvel Ordre Edénique (NOE, dont il est question dans une mélopée romanesque depuis plus de vingt ans) – fondé sur l'archaïque damnation de Cham ? L'Oncle Sam peut arborer le masque hideux d'un Killer Donald (servant de repoussoir pour le prochain retour d'Hillary Bomb, sous l'éventuel déguisement du patron de Fake Book), il demeure le donneur d'ordre d'un ordre fondé sur carnages et pillages au départ de Canaan...

 Macron noé

« Très peu de carnage » ânonnera le plus célèbre grabataire français du verbe aux ordres de ses commanditaires, pour décrire la situation. Non sans féliciter Killer Donald pour avoir mis fin à l'impérialisme américain, quand celui-ci relance le pillage de l'Irak. Soit, la dose maximale de remugles toxiques imposés par Kapitotal à l'industrie de l'insignifiance promotionnée par la tour Panoptic...

Le crime organisé, propriétaire du globe depuis la destruction de l'Union soviétique, ne vient-il pas de signer un racket à plusieurs milliards sur le plus africain des pays d'Asie : la Malaisie ? L'opération (dite 1MDB), montée par une éminence du Golfe pour piller le trésor public de ce peuple exotique, associe Goldman Sachs et la banque Edmond de Rothschild...

Kapitotal a-t-il pris son envol en France (deux ans après le coup d'Etat monétaire de Nixon en 1971) grâce à la loi Rothschild, sommant l'Etat d'obéir aux marchés financiers, prélude à l'esclavage par la dette ? Les Gilets Jaunes sont complices de génocide en vitupérant ces gangs, rétorque la tour Panoptic...

Une étincelle a donc jailli. Cette flamme a traversé des corps, erré dans les têtes qui se sont mises à parler. La gangue de rêves morts et de mémoire falsifiée s'est fissurée, des foules inconnues d'elles-mêmes se découvrant en vie, parant la grise misère ordinaire aux couleurs d'une commune oriflamme. Aux carrefours, les silhouettes anonymes se sont intronisées les unes les autres en Jasons rédempteurs d'une antique chevalerie, celle de la Toison d'Or...

Sortons des oubliettes de notre propre château : ce cri, lancé par des Gilets Jaunes sur quelque rond-point, semblait se souvenir d'un roman paru en 1990, où se posait la question : l'humanité, qu'est-elle devenue, est-elle toujours prisonnière des oubliettes de son propre château ?...

Plus qu'un prince, moins qu'un manant : telle était la devise clamée par ce roman vieux de plus d'un quart de siècle. Nous sommes le travail vivant, dans vos calculs traité comme du capital variable, et refusons la soumission au travail mort, capital fixe devenu volatil ! Voilà ce qui se dit au grand jour chez ces gueux revêtus d'ancestrale noblesse, aspirant à s'évader des enclos mentaux séquestrant le cerveau collectif...

Où sont donc encore les altesses et où les bassesses ? Où la véritable aristocratie, où la réelle vilenie ?...

Ce que nous savons de l'histoire officielle est un récit fomenté par princes et prélats. Ces gens-là fabriquèrent l'enfer au nom du paradis nous dit Dante, sur les traces d'Homère et de Virgile : aèdes grâce à qui franchirent les âges d'autres récits que ceux des princes et prélats...

Mais une Divine Comédie  contemporaine pourrait-elle voir le jour ?...

Le principal trait psychique marquant les justifications idéologiques du pouvoir, de siècle en siècle, fut la démence. Faut-il nommer autrement les bains de sang commis en invoquant le droit divin ? Mais un pouvoir de droit malin, comment s'y prendrait-il ? Il fallait une religion nouvelle pour déplorer, par la voix des grands-prêtres, ces folies sanguinaires, tout en gérant un charnier d'ampleur désormais planétaire. Il fallait rien moins qu'une société sans autre tête que ses ordinateurs...

Cet organisme acéphale dont l'appareil digestif a colonisé le cerveau, n'ayant plus guère que des productions culturelles excrémentielles, ne déclenche-t-il pas des perplexités faisant se demander où est son bec ? Baptisons donc « Où-est-le-bec » ce lombric illustratif d'une structure où se confondent les orifices de la parole et de la défécation, caractérisée par médiocrité d'inspiration et plat prosaïsme d'expression...

Toute création spirituelle et intellectuelle ne peut qu'être extérieure à Où est le bec. Si le chant de l'aède n'y a plus droit de cité, faisant l'objet d'une absolue prohibition dans les secteurs de l'édition, quel ersatz de sa voix devait-il s'y substituer, sinon ce providentiel Où est le bec ?...

Quand ce qui sort des tripes est plus écouté que les fruits de l'esprit, n'importe quel tweet analphabète a plus d'écho que la parole de l'aède, avantageusement supplantée par un quelconque Où est le bec...

 Houellebecq Goncourt 2010

Si certaines moisissures sont bonnes à boire ou à manger, toutes les pourritures sont-elles pour autant comestibles ? À dates fixes, gazettes et magazines font l'unanime réclame d'un même putride orviétan, vendu comme panacée pour troubles gastriques et intestinaux d'une Animal Farm où lois de la gestion et de la digestion se confondent...

Ainsi le capitalisme, qui tirait son appellation du mot latin caput, et dont les capitaines, de pied en cap travestis en oracles, ne cessent de clamer que pour les prolétaires seul est bon le cap des actionnaires, s'avère-t-il mériter le nom d'Acéphalopolis : afin qu'aucun projecteur n'éclaire un tel titre, ne convenait-il pas de faire appel à Où est le bec ?...

Voici l'heure où les best-sellers prémâchés digérés et chiés s'écoulent par millions du cloaque publicitaire, la totalité du contenu s'identifiant à la notice fournie par les robots du fabricant, qui s'étale gratuitement par pages entières dans les organes appartenant aux mêmes firmes que cette pharmacopée vantant la médecine Où est le bec...

Naguère les haruspices lisaient le destin dans les entrailles d'oiseaux sacrifiés. De nos jours – à défaut du pharmakon aédique – ce sont les basses-cours plumitives qui tirent le seul futur autorisé du foie de volatiles dégénérés, gavés comme un rentier de pilules remédiant au défaut de sérotonine...

La sortie d'un tel titre s'accompagnera de liturgies comparables à celles entourant les dates sacrées du calendrier. L'événement sera d'abord prêché par la tour Panoptic en un sanctuaire médiatique de Kapitotal : Valeurs actuelles. Cet organe financier de l'extrême-droite se devait de pontifier en couverture : La grande prophétie...

 Hitler à la Maison Brune des S.A. de Munich en 1932

Ne disposent-ils pas d'une armée de larbins aux gages pour, de cet empoisonnement programmé, vanter les vertus tonifiantes ? Cette valetaille prostituée, dans son plan marketing, n'a-t-elle pas mission d'insulter la littérature en comparant Où est le bec à Baudelaire, Hugo, Balzac ou Gérard de Nerval ? Aussi le même jour, une semaine avant l'offertoire sur l'autel des étals pour la communion des fidèles, toutes les feuilles francophones à l'unisson distribuent-elles sur plusieurs pages une propagande orchestrée par le plus haut clergé panoptique... Si Le Figaro – ouvertement confessionnel – tient la palme, Le Monde surenchérit dans la bigoterie pastorale en référant à Voltaire, donc aux Lumières, pour cette flaque de ténèbres où se reflète le néant. L'Office pour la doctrine de la foi fera même dire d'Où est le bec, par Birnbaum, qu'il « tient en respect, comme jamais, la littérature contemporaine » !...

L'on serait tenté de penser à quelque intention parodique, mais après le prophète, c'est très sérieusement le poète et le philosophe dont sont chantées les louanges dans le quotidien de référence. Quelles oboles sont-elles versées, par quelles banques de quels occultes Saints Sièges, et pour quelles inavouables indulgences, en récompense de si pieux zèles ? Car ne s'agit-il pas ici d'occulter révélation prophétique, intuition poétique et réflexion philosophique – propres à l'aède exterminé ?...

L'habileté réside en l'art de promouvoir, comme figure oraculaire des Elus, quelqu'un dont l'apparence fait l'incarnation même des Damnés. Conscient des bénéfices à tirer d'un tel rôle, ce triste sire surenchérit dans le discours apologétique le plus favorable aux Elus, celui qui fait se résigner au pire les Damnés. C'est Drieu la Rochelle (panache et style en moins) discréditant la Révolution française et la Commune de Paris, comme toute Résistance à Vichy, sous le brillant prétexte que mieux vaut prendre un comprimé de sérotonine...

Kapitotal est à la corruption du monde ce qu'est la tour Panoptic à la cadavérisation du verbe. Dans un style dicté par le plus méphitique air de tous les temps, la bile d'un rastaquouère se vend en remplacement des visions aédiques. Où est le bec peut et doit d'autant mieux pérorer : « Nous n'avons pas de racines, nous ne produisons pas de fruits ». Soit, une absolue négation du message aédique...

Dés pipés, cartes truquées, ne sont pas l'apanage exclusif des députés. Quel venin pourrit-il jusqu'à son trognon le fruit de l'Arbre de Vie ? Sans perspective d'au-delà, tout ce qui vit se nécrose. There is no alternative est le slogan de cette putréfaction, dès lors que l'hypothèse d'une issue au capitalisme a été verrouillée. Nul possible autre signifie l'aveu d'une reddition à la bête immonde, envisagée par l'aède Bertolt Brecht. Il est dès lors impératif que le cosmythologique AJIACO ne puisse (au double sens du mot pouvoir : aptitude et autorisation), non seulement faire l'objet d'une recension (certes, hors de ces compétences domestiques), mais voir titre et nom d'auteur mentionnés dans Le Soir de Belgique...

Est-ce un hasard si l'on appelle The Voice la principale émission de télé-réalité ? Comme si M5 I2 (Moyens Modernes de Mystification et de Manipulation de Masse par l'Industrie de l'Insignifiance), devait assurer à la populace une contrefaçon caricaturale de ce qui fut assassiné...

Telle se veut la triple exigence esthétique, éthique et politique d'AJIACO (parole mythique de l'aède voyant en l'Ancêtre Cham un Surmoi forclos de l'humanité, qu'usurpent les propagandes en faveur de l'Oncle Sam), qu'Où est le bec en apparaîtra demain comme le plus vil succédané.

Anatole Atlas, le 31 décembre 2018

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