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La Ballade du Grand Macaque

Film réalisé par Marianne Sluszny et Guy Lejeune en 2000.

Émission réalisée fin 2000. Portrait d'un écrivain hors du commun, Anatole Atlas alias Jean-Louis Lippert.

Hors du commun par le caractère exceptionnel de sa prose puisque cet auteur fasciné par le thème du double et convaincu par la nécessité de s'effacer derrière ses créatures est tout à la fois le dépositaire d'une œuvre extrêmement riche, l'artisan d'un style fabuleux qui emporte ses trop rares lecteurs sur les magiques sommets du souffle lyrique, le guide qui invite à côtoyer des thèmes ouverts sur l'absolu, entre quête de l'universel, perspective critique et immersion dans le monde intemporel du mythe et de la légende.

Hors du commun aussi par l'exigence de son éthique. Jean-Louis Lippert vit depuis toujours sur le front du refus, farouchement opposé aux compromis et petites lâchetés qui font le quotidien de la plupart d'entre nous. Par question de principe mais surtout pour garantir un espace de totale liberté pour cette littérature qui, selon lui, ne peut dévoiler son essence profonde qu'en rupture avec les miroirs déformants des rôles et codes sociaux. Car pour Atlas, écrire devrait être une continuelle remise en question du monde par les mots et des mots par le monde. Position difficile à défendre sur le long terme, point de vue qui implique une vie dans des conditions plus que précaires, pas de salaire, pas d'allocation, pas de contrat, mais surtout pas de dettes et pas de compte à rendre, le périlleux terrain qui permet de cultiver la force pure des mots et donc « d'offrir aux hommes, leur pain d'étoiles méritées ».

Jean-Louis Lippert est donc un écrivain qui a le verbe haut. D'ailleurs, celui qui signe Confession d'un homme en trop, parle fort, sans doute parce qu'il n'a presque jamais côtoyé les espaces de convenance où on est invité à moduler sa voix, peut-être aussi parce les mots et les idées lui brûlent la gorge et qu'il a besoin de se faire entendre. Car ce colosse au pied d'argile, dégageant à la fois une vitalité extrême et la fragilité anxieuse des êtres qui assument au quotidien des choix exigeants, se revendique aède, poète ou musicien ambulant, « fabriquant de rêves », errant de par le monde, parfois « parmi les ruines de villes incompréhensibles », « la tête pleine de légendes inventées en chemin ».

Anatole Atlas alias Jean-Louis Lippert est donc un être d'ici et de partout, porteur du seul passeport à validité illimitée, celui que l'on se crée dans « l'errance d'un voyage où on ne se découvre jamais identique à soi ». Et c'est pourquoi sa prose poétique défie les lois de l'espace et du temps, bouscule l'ordre des générations et brouille les cartes des lieux trop clairement balisés. « Une partie de moi n'a jamais quitté l'Afrique. La rive où je suis né ». Voilà donc la clé de ce voyage initiatique à travers les multiples dimensions de l'univers : l'ancrage irréductible dans le territoire des origines où Lippert suça le lait de la boyesse africaine, la boyesse et le boy, la vraie famille de l'auteur...

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